Sylvain
Son monopole absolu sur la recherche impose ses rÚgles, souvent opaques et contradictoires, et pousse les créateurs de contenu à se plier à des pratiques parfois absurdes.
Comme toute entreprise, l'intĂ©rĂȘt de Google, c'est Google. Sa prioritĂ© est de conserver sa domination, et tout le reste dĂ©coule de cette logique et tout le monde l'accepte.
đŠ Pourquoi tout le monde est Ă la botte de Google ?
Un monopole incontesté et incontournable
En France, Google détient environ 91% des parts de marché dans la recherche en ligne.
Cela signifie que pour quâun contenu soit visible, il doit passer par Google. Ignorer ses rĂšgles, câest condamner son contenu Ă rester invisible. Et ce ne sont pas les rĂ©seaux sociaux qui combleraient ce manquement.
Google est lâune des rares plateformes oĂč une stratĂ©gie bien exĂ©cutĂ©e peut gĂ©nĂ©rer un trafic organique massif.
Pour les entreprises, câest un canal incontournable pour attirer des clients sans dĂ©pendre exclusivement des publicitĂ©s payantes.
Elles ont beau afficher, sur leur propre site, que tout élément faisant partie de leur site relÚve du droit d'auteur et qu'à ce titre, qu'il est interdit d'en prélever un bout sous peine de poursuite, elles acceptent bien que des entreprises privées, via leurs outils (spiders, bots, site de recherches), prélÚvent et copient l'entiÚreté de ces infos pour qu'elles (Google, Bing, Qwant and Co'...) les diffusent sur leur propre site respectif.
Autrement dit, si dans cet article, je reprenais ne serait-ce qu'une seule phrase ou qu'une seule photo d'un site web et qui relĂšve du droit d'auteur, je m'exposerais Ă des problĂšmes.
Lorsqu'il s'agit d'une entreprise comme Google (Alphabet), ça ne dérange plus du tout les entreprises qui se sont fait chipées leurs données.
C'est dire si beaucoup de crĂ©ateurs et dâentreprises dĂ©pendent directement de leur classement sur Google pour gĂ©nĂ©rer des revenus. Cela crĂ©e un cercle vicieux oĂč tout le monde doit sâaligner sur ses exigences, mĂȘme si elles changent constamment, mĂȘme si les convictions lĂ©gales des entreprises qu'elles affichent sur leur propre site n'ont plus aucune valeur.
đŠ LâabsurditĂ© des optimisations chronophages
Créer des titres en pensant au maillage interne, optimiser chaque mot-clé pour éviter la cannibalisation, faire des audits pour détecter des micro-erreurs techniques, suivre des statistiques plus qu'il ne faut, ne pas comprendre une décision sans explication de Google....sont devenues la norme.
Pourtant, elles ne servent souvent quâĂ plaire Ă Google, pas nĂ©cessairement aux utilisateurs.
Voici une p'tite liste d'exemples absurdes
đLe maillage interne : le fait de devoir relier chaque article Ă dâautres contenus de maniĂšre artificielle pour "optimiser le SEO" est une contrainte Ă©norme. Cela demande une mĂ©moire presque encyclopĂ©dique des contenus passĂ©s et une gestion permanente.
đLa longueur des articles : pourquoi Ă©crire 1500 mots sur un sujet qui pourrait ĂȘtre traitĂ© en 300 ? Parce que Google prĂ©fĂšre les contenus longs, mĂȘme si lâutilisateur veut une rĂ©ponse rapide.
đLes mises Ă jour dâarticles : google valorise les contenus "frais". Cela force les Ă©diteurs Ă revenir rĂ©guliĂšrement sur dâanciens articles pour les mettre Ă jour, mĂȘme si le sujet est intemporel.
đLes micro-optimisations : modifier des balises H1, ajuster la vitesse de chargement de quelques millisecondes, ou encore supprimer des liens cassĂ©s, juste pour grappiller quelques positions.
đŠ Pourquoi Google impose cette complexitĂ© ?
1ïžâŁ Renforcer sa domination : plus les rĂšgles sont complexes, plus les crĂ©ateurs de contenu doivent passer par des experts ou des outils (souvent liĂ©s Ă Google comme Google Search Console ou Google Ads). Cela renforce leur dĂ©pendance.
2ïžâŁLimiter les abus : les algorithmes de Google tentent de pĂ©naliser les contenus de faible qualitĂ©. Mais dans cette lutte, ils imposent des exigences parfois disproportionnĂ©es, punissant Ă©galement les contenus sincĂšres et authentiques qui ne respectent pas tous les codes techniques, tout en diffusant des annonces entreprises qui n'affichent aucun mentions lĂ©gales sur leur site, voire qui n'existe mĂȘme pas dans le registre du commerce.
3ïžâŁ Garder le contrĂŽle : en imposant des critĂšres flous ou contradictoires, Google maintient une certaine opacitĂ© qui lui permet dâĂ©voluer sans que personne ne puisse vraiment "craquer" son systĂšme.
đŠ Un monopole anti-crĂ©ativitĂ©
La course Ă lâoptimisation pour Google crĂ©e souvent des contenus stĂ©rĂ©otypĂ©s : articles longs, pleins de mots-clĂ©s secondaires, paragraphes et listes structurĂ©s pour le SEO, pas pour lâintĂ©rĂȘt du lecteur, autant de facteurs qui mĂšnent Ă la perte dâauthenticitĂ© et de spontanĂ©itĂ© dans lâĂ©criture, dans l'expression.
đŠ Une fausse dĂ©votion Ă lâutilisateur
En affirmant vouloir le meilleur pour les internautes, Google se positionne comme le gardien de la qualitĂ© des contenus sur Internet, un alliĂ© de lâutilisateur.
Mais en pratique, Google implique les Ă©diteurs dans un jeu dâoptimisation sans fin, oĂč chaque mise Ă jour dâalgorithme peut bouleverser des stratĂ©gies entiĂšres. Il rĂ©duit parfois les marges des Ă©diteurs de contenu, en leur volant une partie de leur visibilitĂ© avec les rich snippets ou les rĂ©sultats directs (mĂ©tĂ©o, rĂ©sultats sportifs, Ă©lections...)
đŠ Contradiction ultime : le business modĂšle de Google
LâĂ©lĂ©ment clĂ© qui rend ces contradictions si flagrantes est que Google est avant tout une entreprise commerciale, avec une part massive de ses revenus provenant de la publicitĂ© (Google Ads).
Cela crée une tension permanente : Google veut un web rapide et efficace pour ses utilisateurs mais Google a besoin que les utilisateurs restent engagés suffisamment longtemps pour générer des clics publicitaires.
Cette double exigence fait que Google impose des rĂšgles complexes, souvent absurdes, aux crĂ©ateurs de contenu. Mais en rĂ©alitĂ©, ces rĂšgles ne servent pas Ă lâutilisateur final, elles servent Ă maximiser les revenus de Google.
đŠ Livrer les meilleurs rĂ©sultats : le mensonge de Google
Les rĂ©sultats proposĂ©s par Google sont influencĂ©s par une multitude de facteurs, parfois au dĂ©triment de lâexpĂ©rience utilisateur.
Par exemple :
- Des sites trÚs bien référencés (SEO) mais de qualité médiocre peuvent devancer des contenus plus utiles.
- Les annonces payantes (Ads) occupent de plus en plus dâespace, relĂ©guant les rĂ©sultats organiques en bas de page
- Le classement des sites pornos : les limites de lâalgorithme de Google
âĄïž Google ne peut pas Ă©valuer subjectivement la "qualitĂ©" dâun site porno : comment juger quâun site est "meilleur" quâun autre ?
Par le contenu ?
Par lâexpĂ©rience utilisateur ?
Par les critĂšres techniques comme la vitesse de chargement ?
âĄïž Ce jugement est purement algorithmique et basĂ© sur des critĂšres impersonnels.
Les critÚres techniques priment : les sites pornographiques bien classés, comme tous sites sont souvent ceux qui ont une structure SEO optimisée (titres, descriptions, mots-clés), qui se chargent rapidement (Google valorise la vitesse), qui ont un grand nombre de liens entrants (popularité).
En effet, lâexpĂ©rience utilisateur est difficile Ă mesurer : contrairement Ă dâautres secteurs, il est difficile pour Google de mesurer la satisfaction dâun utilisateur aprĂšs avoir visitĂ© un site porno, qui de doute Ă©vidence, en cas de satisfaction, n'utilisera plus son clavier pendant quelque temps.
âĄïž Les sites pornos manipulent aussi lâalgorithme : de nombreux sites pornographiques sont des experts en SEO et investissent massivement pour manipuler les algorithmes. Ils savent optimiser leurs contenus pour maximiser leur visibilitĂ©.
âĄïž Ce que Google dirait pour justifier le classement des sites pornos :
Si on demandait Ă Google pourquoi un site porno est mieux classĂ© quâun autre, voici ce quâil pourrait rĂ©pondre :
- CritĂšres objectifs : "Nos algorithmes Ă©valuent des critĂšres techniques et non le contenu en lui-mĂȘme. Les sites mieux classĂ©s respectent ces critĂšres (rapiditĂ©, liens entrants, structure)."
- Neutralité apparente : "Google ne juge pas la qualité morale ou subjective des sites, mais classe les résultats en fonction de leur pertinence perçue pour les utilisateurs."
- Responsabilité déléguée : "Nous laissons aux utilisateurs le soin de déterminer ce qui leur convient. Nos résultats reflÚtent les comportements et préférences des internautes."
En dâautres termes, Google mettrait en avant la neutralitĂ© technique de son algorithme tout en Ă©vitant de se prononcer sur la "qualitĂ©" des sites classĂ©s.
đŠ Pourquoi cette neutralitĂ© est problĂ©matique ?
1ïžâŁ La confiance dans lâalgorithme est illusoire : beaucoup dâutilisateurs croient que Google propose les "meilleurs" rĂ©sultats, alors quâil sâagit simplement des rĂ©sultats les mieux optimisĂ©s pour lâalgorithme.
2ïžâŁ Lâabsence de jugement humain : Google sâappuie sur des critĂšres automatisĂ©s, ce qui signifie quâun site peut ĂȘtre techniquement parfait mais offrir une expĂ©rience utilisateur mĂ©diocre ou ĂȘtre Ă©thiquement discutable.
3ïžâŁ Une domination qui se justifie par elle-mĂȘme : en affichant des rĂ©sultats basĂ©s sur sa propre logique algorithmique, Google renforce son image dâautoritĂ©, mĂȘme si cette logique peut ĂȘtre biaisĂ©e ou incomplĂšte.
đŠ Le mythe du "meilleur rĂ©sultat"
Google a construit son empire sur lâidĂ©e quâil fournit les meilleurs rĂ©sultats possibles, mais cette promesse est de plus en plus discutable. Dans des domaines comme les sites pornos (ou dâautres secteurs sensibles), les classements rĂ©vĂšlent les limites dâun algorithme aveugle, basĂ© uniquement sur des critĂšres techniques.
Le problĂšme nâest pas que Google manipule les rĂ©sultats : câest que nous avons trop confiance en sa capacitĂ© Ă Ă©valuer ce qui est rĂ©ellement "meilleur". Ce mythe est entretenu par son image de neutralitĂ© et son monopole.
đŠ Une douce dictature numĂ©rique, commerciale et culturelle acceptĂ©e
Le mot "dictature" peut sembler fort, car Google ne contraint pas directement les individus ou les entreprises. Pourtant, certains aspects rappellent ce type de régime :
1ïžâŁ Une dĂ©pendance imposĂ©e sans violence : les entreprises et les particuliers nâont pas de choix rĂ©el. Pour ĂȘtre visibles ou compĂ©titifs, ils doivent jouer selon les rĂšgles de Google, mĂȘme si elles sont souvent opaques et contradictoires.
â Pas dâobligation lĂ©gale, mais une contrainte Ă©conomique et culturelle.
2ïžâŁ Une absence de contestation efficace : les critiques de Google (politiques, mĂ©dias, utilisateurs) nâont aucun impact rĂ©el sur son fonctionnement. Les amendes ou rĂ©gulations de lâUE nâont pas remis en question son monopole, qui reste largement intact.
3ïžâŁ Une illusion de libertĂ© : Google donne lâimpression de choix : on peut utiliser dâautres moteurs ou stratĂ©gies. Mais ces alternatives sont souvent inefficaces ou marginales.
â Câest une forme de contrĂŽle subtile, oĂč la domination est acceptĂ©e parce quâelle est perçue comme incontournable.
đŠ Google rend la vie plus facile
Lâentreprise a conçu des services dâune efficacitĂ© redoutable : recherche, Gmail, Google Maps, YouTube, etc. On accepte sa domination parce quâelle simplifie Ă©normĂ©ment nos vies.
Une domination invisible
Google ne se prĂ©sente jamais comme une entitĂ© autoritaire. Il adopte au contraire un discours rassurant et Ă©thique ("Donât be evil"). Cela contraste avec les rĂ©gimes autoritaires traditionnels, oĂč le contrĂŽle est visible et direct.
Une dépendance consentie
Les utilisateurs et les entreprises savent quâils sont dĂ©pendants, mais ils tirent aussi des bĂ©nĂ©fices du systĂšme. Câest un compromis : "On joue le jeu de Google, car il nous offre des outils gratuits et une visibilitĂ© que nous ne pourrions obtenir seuls."
Quel vision aviez-vous de Google et pensez-vous qu'une alternative s'impose ?
24/11/2024