Qu'est-ce que la Psychologie ?
Le mot psychologie vient du grec psychê, qui signifie le souffle vital, et logos, le discours.
Autrement dit : le discours sur le vivant, sur l’âme.
Pas l’âme religieuse, mais l’âme humaine — ce qui nous fait sentir, penser, réagir.
Depuis toujours, les humains cherchent à comprendre ce qui se passe en eux : les mythes, la religion, la morale, les confessions… tout cela parlait déjà de psychologie, sans le dire.
Mais la psychologie moderne, celle qu’on étudie, s’est construite tard
En France, elle n’est devenue une formation à part entière qu’après les années 60.
Avant, elle restait cantonnée à la philosophie, à quelques universités de grandes villes.
Dans les campagnes ou les petites villes, il n’y avait ni psychologue, ni psychanalyste, ni même le mot “psy” dans la bouche des gens.
Nos parents n’ont pas eu accès à ça.
Ils ont grandi dans un monde où l’on apprenait à tenir, pas à se comprendre.
Et ils ont tenu. Mais à quel prix ?
Les émotions, les blessures, les deuils sont restés là, en silence.
La psychologie, ils la vivaient sans la nommer.
Par conséquent, aujourd’hui, quand des adultes de 40, 50 ans veulent simplement parler d’eux, exprimer ce qu’ils ont ressenti enfants ou jeunes adultes avec leurs parents — sans accuser, sans juger, juste pour mettre du sens — ça se passe souvent mal.
Car pour leurs parents, parler de soi, c’est forcément parler d’eux.
Ils entendent un procès là où il n’y a qu’un besoin d’expression.
Et cette incompréhension fait souffrir tout le monde.
Alors faut-il leur en parler à tout prix ?
Pas forcément.
Certains n’ont pas l’équipement pour entendre.
On ne demande pas à un coureur du dimanche de faire un marathon, ni à quelqu’un qui n’a jamais touché un moteur de réparer une voiture.
De la même façon, on ne peut pas attendre de quelqu’un qui n’a jamais appris à écouter la douleur d’un autre de savoir la recevoir.
Ce n’est pas un reproche, c’est un fait.
Pourtant, il nous arrive bien de trouver une solution lorsqu'on ressent une douleur : l'écharde.
Vous savez, I'écharde dans le pied, celie qu´on ne sent pas, sans douleur apparente, sans gêne, mais qui surgit lorsque notre pied se trouve dans unr position précise.
On a alors la solution : on la cherche pour la retirer, quitte à demander de l´aide.
Il en va de même pour certaines blessures psychiques — invisibles tant qu’on ne bouge pas, douloureuses dès qu’on avance. Mais on n´en parle qu´avec soi-même ou bien on la minimise.
C’est pour ça que la parole, parfois, doit se déplacer : vers un thérapeute, un ami, ou même vers soi, dans l’écriture. Parler ne répare pas tout, mais ça libère, comme le petit « AÏE ! » qu´on pousse quand on la sent bien, l´écharde.
On ne règle pas le passé pour autant, on l’aère.
La psychologie, ce n’est pas seulement l’étude du discours : c’est le discours lui-même
C’est la parole en acte, même quand elle ne sort pas.
Chacun se raconte, se parle, se tait — et dans ce récit intérieur, il y a déjà de la psychologie.
Ceux qui disent « je préfère ne pas savoir » savent déjà quelque chose.
On ne fuit que ce qu’on devine ou ce qu´on sait.
Parler, réfléchir, ressentir, c’est déjà vivre psychologiquement.
La non-expression est aussi une forme d’expression. Ne pas vouloir ou pouvoir dire, c’est dire autrement, dire en soi-même.
La souffrance psychologique n’est pas un défaut personnel, c’est une empreinte collective. On ne la fabrique pas seul, et on ne la guérit pas seul.
Mais on peut, chacun, décider de ne plus la faire tourner. De ne plus la transmettre.
Quand une souffrance n’a jamais été nommée ni replacée dans son contexte, on se met à chercher un coupable de remplacement. Pas consciemment, pas volontairement, mais comme un réflexe.
Alors la personne qui vient en paix, qui dit simplement : « voilà ce que j’ai ressenti », devient celle qu’on accuse de blesser.
C’est un monde à l’envers : le mal ne vient pas de celui qui parle, mais de ce qui n’a jamais été entendu.
Ces échanges deviennent pervers sans intention de l’être, parce que la douleur, faute d’avoir été dite, finit toujours par vouloir se déposer quelque part.
L’époque, sur ce point, nous donne une chance inédite
Nos parents n’avaient ni les mots ni les accès.
Maintenant, nous avons tout : livres, articles, vidéos, podcasts, conférences.
On peut entendre des spécialistes, des thérapeutes, des penseurs, des voix différentes.
On peut apprendre à comprendre, même seul, depuis chez soi.
Le web n’est pas une thérapie, mais c’est une ouverture. On y trouve de quoi s’informer, se reconnaître, réfléchir. Et c’est déjà beaucoup. Parce qu’avant de parler à quelqu’un, il faut pouvoir se parler à soi-même.
Et puis il y a ceux qui nous aident à mettre des mots là où on n’en avait pas
Je pense à Boris Cyrulnik dont je partage quelques vidéos ci-dessous.
Plus de quatre-vingts ans, neurologue, psychiatre, éthologue, écrivain, rescapé de la Shoah.
C’est lui qui a introduit en France le mot résilience. Il a montré qu’on peut vivre avec ses blessures sans qu’elles dirigent toute notre vie. Qu’on ne guérit pas toujours, mais qu’on peut apprendre à habiter ce qu’on a vécu ou lieu de laisser notre vécu traumatique nous habiter.
Ses conférences, ses interviews, ses échanges avec des philosophes ou des journalistes sont partout sur le web.
Les écouter, ce n’est pas s’alourdir : c’est se relier. Il parle de l’humain avec douceur, lucidité et humour. Et ça fait du bien.
Parce qu’au fond, ce dont il parle, c’est de ce que nous sommes tous :
des êtres de récits, de mémoire et de parole.
Autrement dit : de la psychologie, vivante, partagée, universelle.
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