Il aura fallu dix ans d’affaires, trois condamnations, et une insistance juridique de chaque instant. Ce 15 juin 2025, Nicolas Sarkozy est officiellement exclu de la Légion d’honneur, ainsi que de l’Ordre national du Mérite. Le décret est tombé dans le Journal officiel. Pas d’exception présidentielle. Pas d’arrangement entre amis. Juste l’application froide d’une règle prévue par le Code.
Un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence, confirmé par la Cour de cassation, aura donc suffi à faire tomber le ruban rouge du revers de l’ancien président.
Ironie de l’histoire : Macron ne voulait pas l’exclure. Il trouvait cela injuste, préférant visiblement le “respect des anciens chefs d’État” à l’exemplarité républicaine. Mais la loi ne demande pas l’avis du président. Dès qu’une condamnation à un an ferme est définitive, l’exclusion est automatique.
C’est rare. Très rare. Le dernier à avoir perdu cette distinction, c’était Pétain. Autant dire que Sarkozy rejoint un club peu enviable.
Est-ce la fin de l’histoire ? Pas tout à fait.
Son avocat rappelle que la Cour européenne des droits de l’homme doit encore se prononcer. Si elle venait à annuler la condamnation française, tout pourrait théoriquement être rétabli. En attendant, la République reprend ses droits.
Et nous, simples citoyens, on respire un peu. Pas parce qu’un homme tombe, mais parce qu’un principe tient bon.
_Photo : World Economic Forum / Moritz Hager — CC BY‑SA 2.0 via Wikimedia Commons_