On dit souvent « j’ai mal au cœur » quand on souffre d’un chagrin d’amour. On parle de « cœur brisé », de « coup de cœur », d’« ouvrir son cœur », de « chanter avec son coeur ».
Pourtant, tout ça, c’est du pipeau romantique.
Parce que dans les faits, biologiquement, neurologiquement et chimiquement : c’est notre cerveau qui tire les ficelles de nos émotions.
Le cœur, lui, il pompe.
C’est déjà pas mal, mais ce n’est pas là que ça pense, que ça pleure, ou que ça aime.
Une confusion millénaire
Pendant longtemps, on a associé le cœur à l’âme, aux passions, à ce qui échappe à la raison. C’est joli sur une carte de Saint-Valentin, mais aujourd’hui, les neurosciences ont mis tout le monde d’accord : ce qu’on ressent, c’est le fruit d’un traitement cognitif, pas d’un battement cardiaque.
L’émotion, une affaire de circuits neuronaux
La peur ? C’est l’amygdale.
L’attachement ? C’est l’ocytocine, mélangée à un bon circuit de récompense.
La joie ? Un cocktail bien dosé de dopamine et de sérotonine.
Ces émotions, aussi intenses soient-elles, naissent dans le cerveau, circulent dans le système nerveux, et peuvent certes avoir un impact sur notre rythme cardiaque… mais ce n’est pas lui qui les déclenche. Il réagit, il ne décide rien.
Mais alors, pourquoi cette illusion ?
Parce que les émotions ont des effets physiques : palpitations, souffle court, boule dans la gorge, larmes… Et où sent-on tout ça ? Dans le thorax. D’où l’illusion que ça vient du cœur. Mais ce serait comme dire que l’électricité vient de la lampe juste parce qu’elle s’allume. Non. La lampe éclaire parce qu’un circuit plus profond s’active.
Peut-on encore parler du cœur ?
Oui, mais avec un petit astérisque. On peut continuer à dire « j’ai le cœur lourd » comme on dit « j’ai les jambes en coton ». Ce sont des métaphores utiles, puissantes même. Le langage du cœur reste essentiel dans notre culture, dans nos histoires, dans nos vies. Mais sachons que le cœur n’est qu’un symbole. Derrière l’amour, la haine, la honte ou l’extase… c’est le cerveau qui orchestre tout.
Suivre son cœur, mais écouter son cerveau
La prochaine fois qu’on vous dit de suivre votre cœur, souriez. Dites merci. Puis suivez votre système limbique, votre cortex préfrontal, et peut-être même votre intuition (elle aussi logée là-haut). Car aimer, pleurer, désirer ou espérer : tout ça, ça se passe dans la boîte crânienne, pas sous la poitrine.
Et si votre cœur s’emballe, c’est juste qu’il a reçu un mail urgent du cerveau. Rien de plus.