Lorsque l'on parle de Google, on évoque souvent une entreprise incontournable, un géant du web qui nous facilite la vie au quotidien.
De Maps à Street View, en passant par Google Images, ses services se veulent utiles, pratiques, et omniprésents.
Mais derrière cette image bienveillante se cache une réalité moins reluisante : Google exploite des contenus qui, pour une entreprise classique, tomberaient immédiatement sous le coup de la loi.
Alors, pourquoi une telle exception pour Google ?
Photographier les rues : une pratique tolérée, mais discutable
Street View est un outil impressionnant. On peut explorer les rues du monde entier depuis son canapé, repérer un commerce, ou même revivre des souvenirs d'enfance en naviguant dans son quartier natal. Mais il y a une question que peu de gens se posent : à qui Google a-t-il demandé l'autorisation de photographier ces rues, ces commerces, ces maisons, et parfois même ces personnes ?
En France, toute entreprise qui s'amuserait à photographier les façades de maisons ou des individus dans l'espace public à des fins commerciales s'exposerait à des sanctions. En théorie, ce genre de pratiques nécessite des autorisations préalables, notamment lorsqu'il s'agit d'exploiter les images dans un cadre lucratif.
Google, quant à lui, s'en dispense allègrement, arguant qu'il capture ces images depuis l'espace public et qu'elles servent un intérêt général. Un argument qui, en y réfléchissant, pourrait être retourné contre lui. Si une entreprise décidait de copier et distribuer les clichés de Street View en prétendant qu'ils sont « utiles », cela passerait-il aussi bien ? Peu probable.
Les images du web : indexation ou appropriation ?
Street View n'est qu'une partie du problème. Google récupère également des images diffusées sur des sites web et les intègre dans ses services, notamment Google Images. Ces images, pourtant protégées par le droit d'auteur, sont référencées sans que les créateurs n'aient leur mot à dire.
Certes, Google offre des outils permettant aux sites web de limiter cette indexation (via le fichier robots.txt ou des balises spécifiques), mais cela revient à demander aux créateurs de se protéger eux-mêmes, plutôt qu'à l'entreprise de respecter les droits d'auteur dès le départ. Une inversion des responsabilités.
Et soyons clairs : Google ne se contente pas d'indexer des images. Il les exploite indirectement à des fins commerciales en attirant des utilisateurs sur ses services et en générant des revenus publicitaires. Pourtant, lorsqu'il s'agit de protéger ses propres contenus, Google est le premier à invoquer le droit d'auteur.
Un double standard qui dérange
Imaginez ceci : vous prenez une capture d'écran de Street View pour illustrer un article critique sur les pratiques de Google. L'entreprise pourrait arguer que cette capture est protégée par son propre droit d'auteur et exiger son retrait. Mais en réalité, cette capture d'écran n'est qu'un reflet des contenus qu'elle-même a collectés sans autorisation.
L'ironie est flagrante. Google utilise des contenus protégés pour enrichir ses services, mais impose aux autres de respecter strictement les règles du droit d'auteur. Cette incohérence soulève une question essentielle : pourquoi Google bénéficierait-il d'une exception, alors qu'il est soumis aux mêmes lois que n'importe quelle entreprise ?
Pourquoi il est important d'en parler
Google justifie ses pratiques par leur utilité. Oui, Street View est pratique. Oui, Google Images est utile pour trouver rapidement des contenus. Mais l'utilité ne peut pas servir de prétexte pour contourner les règles. D'autres entreprises pourraient-elles arguer de leur utilité pour exploiter librement des contenus ? Non. Alors pourquoi Google le peut-il ?
En tant qu'utilisateurs, nous devons nous poser la question : jusqu'où sommes-nous prêts à accepter que des géants du web s'approprient des contenus sans en payer le prix, sous prétexte qu'ils nous rendent service ?
Appel à la réflexion collective
Cet article n'a pas pour but de dénigrer l'utilité de Google, mais de pointer une hypocrisie dans ses pratiques. Si Google veut exiger des autres qu'ils respectent le droit d'auteur, il devrait commencer par s'appliquer cette règle à lui-même. En tant qu'utilisateurs, créateurs, ou simplement citoyens, il est essentiel de rester vigilants et de remettre en question ces pratiques.
Parce qu'à la fin, si on laisse ces exceptions devenir la norme, ce ne sont pas seulement les créateurs ou les petites entreprises qui en pâtiront, mais l'ensemble de l'écosystème numérique.