Parce qu’il n’y a pas que la baguette qui mérite un beat.
Un phénomène étrange se répand dans les capitales occidentales, tel un levain bien nourri : les DJ sets dans les boulangeries.
Oui, vous avez bien lu.
Pas dans les clubs, ni dans les friches industrielles. Dans les boulangeries. Entre le pain au chocolat et la flûte au sésame, un type en sweat noir mixe un set deep house pendant que vous vous demandez timidement « vous avez encore des croissants ? »
Quelques vidéos
LeHuffPost
Vidéo YouTube
Ce contenu YouTube est bloqué tant que vous n’avez pas accepté les cookies.
France 3 Bretagne
Vidéo YouTube
Ce contenu YouTube est bloqué tant que vous n’avez pas accepté les cookies.
Le Fournil de Charlie et Angel
Vidéo Facebook
Ce contenu Facebook est bloqué tant que vous n’avez pas accepté les cookies.
Résultat
Des vidéos virales, un parfum d’absurde parfaitement Instagrammable, et l’impression que la techno est devenue gluten-compatible.
Mais… pourquoi s’arrêter là ?
1. DJ CAF : “Si vous ne dansez pas, pas d'APL”
Imaginez : vous entrez dans ta CAF, le ticket 215 à la main, 43 minutes d’attente. Mais voilà que DJ Socioflex entre en scène.
Ambiance downtempo, écran qui clignote au rythme des refus de dossier, et drop brutal quand votre interlocuteur vous annonce que votre dernier justificatif est “illisible”.
Vous ressortez lessivé, certes. Mais au moins, vous avez bougé votre corps.
2. DJ FISC : la techno du redressement
L’administration fiscale aussi mérite son heure de gloire.
Un DJ encapuchonné derrière la borne d’accueil, ambiance minimal berlinoise. À chaque mention de “taxe foncière”, un coup de stroboscope.
La foule scande : “Article 293B ! Article 293B !”
C’est l’audit rave.
3. DJ GUICHET : la banque sans overdraft… de décibels
Vous déposez un chèque.
Soudain, le conseiller clientèle pousse son clavier, et sort une clé USB : “Mon set s’appelle Liquidités Liquides.”
C’est de la house très propre, comme leurs frais de gestion : transparents mais omniprésents.
Les clients ne dansent pas, mais hochent la tête en calculant leur TAEG.
4. DJ BOUCHERIE : entre groove et groin
Chez le boucher, c’est déjà une chorégraphie : les gestes nets, les couteaux affûtés, la scie à os qui fait “wub wub”.
Un petit beat tribal au fond, et soudain, la découpe devient performance.
La charcuterie n’a jamais été aussi club.
5. DJ MARCHÉ : open air et oignons
Le marché du dimanche matin, c’est déjà un joyeux bordel sonore.
Ajoutez un DJ derrière le stand de tomates, et vous obtenez un set 100% locavore.
Les vieux dansent en coinçant la nappe, les ados filment pour TikTok, et vous, vous reparez avec 3 betteraves, un shot de groove et peut-être une amende pour tapage matinal.
6. DJ ÉGLISE : amen et bassline
Le mariage traditionnel, c’est beau. Mais un peu lent parfois, non ?
Imaginez l’entrée des mariés sur un remix de Canon in D version techno de Detroit.
Le prêtre lance : “Vous pouvez embrasser la mariée” — DROP !
Toute la nef vibre, mamie filme en vertical, et les enfants headbangent entre deux bancs.
Même les vitraux font des lens flares.
Et pourquoi s’arrêter aux mariages ?
– Baptême : set chillwave pendant l’aspersion d’eau bénite.
– Confirmation : dub chrétien avec pads célestes.
– Messe de Noël : DJ Nativité feat. MC Myrrhe.
7. DJ FUNÉRARIUM : requiem pour un beat
Parce que même pour le dernier voyage, on peut avoir droit à une bonne tracklist.
Un set ambient sombre mais lumineux, des nappes de synthé qui enveloppent les silences, et un beat discret qui pulse comme un dernier souffle.
Une track finale intitulée “Let’s fade together”.
Le cercueil descend, les lumières s’adoucissent, et quelqu’un murmure :
“C’était beau. C’était deep.”
Et après ?
On pourrait rêver d’un monde où chaque lieu d’attente, d’angoisse ou de paperasse serait transformé en micro-club éphémère.
Pas pour fuir la réalité.
Mais pour lui ajouter un beat, un clin d’œil, un petit supplément d’absurde joyeux.
Car si le monde est parfois kafkaïen…
autant y mettre un peu de BPM.
Crédits image : ChatGPT