Sylvain
Bienvenue dans le merveilleux monde des étiquettes inutiles, où chaque nuance relationnelle doit désormais avoir son propre terme, comme si notre humanité dépendait de notre capacité à inventer des mots absurdes.
Aujourd’hui, la nouvelle star du dictionnaire de l’absurde est le terme “célicouple”, cette perle linguistique destinée à qualifier les gens qui… tenez-vous bien… sont en couple mais ne vivent pas ensemble. Un choc, n’est-ce pas ?
Alors, récapitulons :
- Célibataire, selon le dictionnaire classique (vous savez, celui qu’on utilisait avant qu’Internet ne décide qu’il était trop limité), signifie sans relation amoureuse.
- Couple, ce mot si clair, désigne deux personnes engagées dans une relation amoureuse ou conjugale.
Mais apparemment, pour certains, dire “on est en couple mais on vit chacun chez soi” était trop épuisant, alors on a décidé de piocher dans le sac des contradictions pour accoucher de “célicouple”.
Laissez-moi vous expliquer : on prend “célibataire” (qui veut dire “pas en couple”) et on y colle “couple” (qui veut dire “pas célibataire”).
Voilà, une belle dissonance cognitive emballée dans un néologisme digne d’un brainstorming un peu trop arrosé.
Apparemment, l’humanité a besoin de se compliquer la vie en créant des concepts inutiles. Dire “je suis en couple, mais on vit chacun chez soi”, c’était trop simple. Non, il fallait inventer un mot qui ferait lever les sourcils et provoquer des débats inutiles lors des dîners en famille. Imaginez la scène :
- Alors, tu es toujours célibataire ?
- Non, mamie, je suis célicouple.
- Hein ?
- On est en couple, mais on ne vit pas ensemble
- Ah, donc vous êtes juste… en couple ?- Non, mamie. C’est plus compliqué que ça.
Et voilà, mamie vient de perdre cinq minutes de sa vie à essayer de comprendre un concept qui n’existait pas il y a dix ans.
Le véritable souci avec ce terme, c’est qu’il véhicule une idée idiote : celle qu’un couple ne serait valide que s’il partage un toit. Donc, si vous êtes en couple, mais que vous vivez chacun dans votre appartement, vous seriez encore un peu célibataire.
Sérieusement ?
Dois-je aussi rappeler que les couples à distance ou les couples qui choisissent de ne pas cohabiter par choix personnel ou logistique existent depuis la nuit des temps ?
Le concept de “célicouple” insinue qu’il faudrait un mot spécial pour expliquer qu’on est capable de s’aimer sans avoir besoin de partager la salle de bain ou le frigo. Comme si le fait de ne pas voir les chaussettes sales de l’autre sur le tapis remettait en question la validité de votre relation.
Soyons sérieux deux minutes.
Il est peut-être temps d’accepter une vérité simple : être en couple ne nécessite pas un contrat de colocation. Si vous êtes amoureux, engagés, mais que vous vivez chacun chez vous, vous êtes tout simplement un couple. Pas besoin de rajouter une couche de sémantique pseudo-intellectuelle. Et si quelqu’un vous demande pourquoi vous ne vivez pas ensemble, vous pouvez leur répondre :
- parce qu’on aime nos espaces personnels
- parce qu’on n’a pas besoin de partager un loyer pour s’aimer
- parce que c’est notre choix, et qu’on n’a pas besoin d’inventer un mot bizarre pour le justifier.
Le mot “célicouple” est un symptôme de notre obsession pour les étiquettes inutiles. Mais soyons clairs : ce mot est à peu près aussi nécessaire qu’un parapluie sous un toit. Si vous êtes en couple mais ne vivez pas ensemble, dites simplement que vous êtes en couple. Et si quelqu’un vous demande des explications supplémentaires, soyez fiers de répondre que vous n’avez pas besoin d’un mot bizarre pour décrire votre relation.
Parce qu’au final, ce n’est pas votre adresse qui fait la solidité de votre couple, mais l’engagement que vous y mettez. Allez, je vous laisse, j’ai un appel urgent à passer à l’Académie Française pour leur demander d’arrêter ce massacre linguistique.
28/01/2025