Thomas Guénolé, chroniqueur bien connu de Touche pas à mon poste, a récemment affirmé devant des centaines de milliers de téléspectateurs que Dieu n’existe pas.
Une déclaration forte, qui soulève une question millénaire : l’existence de Dieu peut-elle être tranchée par la raison ? Pour lui répondre, Olivier Bonnassies, polytechnicien, entrepreneur et coauteur du best-seller Dieu, la science, les preuves, entre dans le débat.
Tous deux vont s’engager dans une véritable joute d’arguments, chacun défendant sa vision du monde avec rigueur, dans une démarche commune de recherche de la vérité.
Un face-à-face passionnant, où croyance, scepticisme et raison vont se confronter sans détour.
Voir la vidéo : <a href="https://www.youtube.com/live/ZWzys1gojtA?si=FYGxt0k5rOvQwLvv" title="https://www.youtube.com/live/ZWzys1gojtA?si=FYGxt0k5rOvQwLvv" target="_blank">https://www.youtube.…k5rOvQwLvv</a>
🧱 Quand la foi se travestit en preuve : anatomie d’une imposture
Il y a des croyants sincères. Il y a des chercheurs honnêtes. Et puis, il y a ceux qui construisent un pont de brume entre la science et la foi — non pas pour éclairer, mais pour capturer.
Olivier Bonnassies fait partie de ceux-là.
Ancien polytechnicien devenu militant catholique, il affirme que Dieu ne relève plus uniquement de la foi, mais de la démonstration. Il prétend que les avancées scientifiques modernes ne laissent plus d’alternative : Dieu existe. Il en a même fait un livre à succès : Dieu, la science, les preuves. À première vue, l’argument est séduisant : il réconcilie l’irrationnel et le rationnel, l’invisible et le mesurable.
Mais derrière cette promesse de synthèse se cache une véritable imposture intellectuelle.
Car Bonnassies ne propose pas des preuves.
Il construit des affirmations verrouillées, des raisonnements circulaires, des démonstrations par l’ignorance.
Et parmi ses instruments favoris : le linceul de Turin.
👻 Le linceul : une preuve par saturation
Le linceul de Turin serait, selon lui, “l’objet le plus étudié au monde”. Une formule choc. Répétée avec aplomb. Présentée comme un fait établi. Et surtout : impossible à vérifier.
C’est là que la mécanique commence.
Il ne dit pas seulement que le linceul est unique. Il dit que, parce qu’il est unique, il devient la trace tangible de Dieu. Que s’il défie l’explication, c’est qu’il relève du divin. Et pour sceller l’argument, il ajoute :
“Si vous trouvez un objet qui a été plus étudié que le linceul, je ferai mon mea culpa.”
Mais ce n’est pas une promesse honnête.
C’est un défi piégé. Car comment mesurer objectivement le nombre total d’heures d’étude d’un objet archéologique ou scientifique mondialement connu ? Impossible. Il s’agit d’une affirmation invalide scientifiquement, mais indémontable médiatiquement.
Et donc, en l’absence de contre-chiffre : il gagne.
Non parce qu’il a prouvé quoi que ce soit — mais parce que personne ne peut lui prouver le contraire.
🤹♂️ Rhétorique du trou : une spécialité
Cette manœuvre rhétorique est typique de sa méthode :
- Il choisit un phénomène mal compris ou mal expliqué (le Big Bang, l’ADN, le linceul).
- Il souligne à quel point il défie la science.
- Il en conclut que Dieu est la meilleure explication.
- Et il verrouille toute critique en disant : “Si vous avez mieux, je me tais.”
Mais en réalité, c’est un discours qui n’a pas besoin de preuves : il repose sur le vide, le doute, et la peur.
La peur que sans Dieu, tout s’effondre.
Et donc, s’il reste un mystère, une tache d’ombre, une zone d’incertitude… il l’appelle Dieu.
🧠 Ce que cache ce discours
Bonnassies ne cherche pas la vérité. Il cherche la validation. Il ne veut pas que la science avance — il veut qu’elle confirme ce qu’il croit déjà. Et s’il habille ses affirmations de chiffres, de titres, de vocabulaire technique, c’est pour mieux séduire les esprits rationnels en leur faisant croire qu’ils peuvent croire sans renoncer à la rigueur.
Mais c’est faux.
Ce qu’il fait, c’est prendre une foi personnelle et tenter de la faire passer pour une démonstration publique.
Il crée un décor rationnel pour justifier une conclusion irrationnelle.
Et il appelle ça : une preuve.
🎯 Ce qu’il faut répondre
Le linceul de Turin n’est pas une preuve.
C’est un objet fascinant, peut-être unique, peut-être médiéval, peut-être faux.
Mais même s’il était authentique — même s’il avait porté le corps de Jésus — cela ne prouverait rien sur Dieu, ni sur sa nature, ni sur sa bienveillance.
L’unicité n’est pas une preuve.
L’ignorance n’est pas un argument.
Le silence de la science n’est pas la voix de Dieu.
Et le plus tragique ?
C’est que Bonnassies sait ce qu’il fait.
Il ne se trompe pas. Il ne peut plus reculer.
Il a bâti sa vie, son œuvre, sa mission sur ce récit.
Mais une mission qui commence par une peur (celle du vide),
et qui se construit sur des silences interprétés,
ne conduit jamais à la vérité.
Seulement à une illusion rassurante.
Et ça — ce n’est pas de la foi.
C’est un besoin. Déguisé en démonstration.
Si l’on doit voir Dieu dans le linceul de Turin parce que la science n’a pas su tout expliquer, alors faut-il voir Dieu dans E=mc² ?
Cette équation unique est l’une des plus puissantes jamais formulées. Elle a révolutionné notre compréhension de l’univers…
Mais elle a aussi permis Hiroshima et Nagasaki.
Alors, Dieu est-il derrière la lumière ou derrière le feu nucléaire ?
Si tout ce que la science ne comprend pas doit être la trace de Dieu,
faut-il aussi dire que tout ce qu’elle a compris vient de Lui ?
E=mc², c’est Dieu ou Einstein ?
Et la bombe atomique ? Dieu aussi ?
Ou seulement quand ça nous arrange ?